Le mobilier scolaire est véritablement un témoin silencieux de la succession des époques. Il répond à l’évolution de l’enseignement, aux connaissances anatomiques mais aussi à l’arrivée des nouvelles technologies dans nos vies. En tant que témoins de nombreuses pièces, près de 3500 sont conservées au Musée national de l’Éducation à Rouen. Preuve encore une fois que tout est histoire ! Découvrez leur histoire à travers les années.
Sommaire
L’histoire de l’école gratuite pour tous
Si l’enseignement existe depuis l’Antiquité, il en va autrement pour l’école qui est bien plus récente. Il y a eu Charlemagne bien sûr qui en a posé les bases, puis l’Église qui a eu en charge l’instruction des enfants pendant de longs siècles…
Mais l’école telle qu’on la connait est née au XIXème siècle. Même si des hommes politiques comme Victor Duruy ont initié l’idée d’une école primaire obligatoire, c’est Jules Ferry qui, dans la mémoire collective, est considéré comme le père de l’école républicaine. Ministre de l’Instruction, il fait voter entre 1879 et 1882 plusieurs lois portant sur l’obligation, la gratuité et la laïcité scolaire.
L’école pour tous
Dans la lignée des idées de la Révolution puis de la Commune, Jules Ferry instaure l’école primaire gratuite pour éduquer tous les enfants de 6 à 13 ans. L’objectif de Jules Ferry est alors bien d’arracher les enfants à l’ignorance et à l’emprise de l’Église.
Et puis, pour les Républicains, le progrès social nait de la généralisation de l’enseignement. Il est désormais interdit d’enseigner la religion à l’école publique sur les heures de classe. La loi de Goblet de 1886 vient parachever cet ensemble en confiant à un personnel laïc la charge d’enseigner.
Ceux que l’on appelle les hussards noirs de la République, les instituteurs républicains, prennent en charge l’apprentissage basé sur la lecture, l’écriture, les mathématiques, l’histoire et la citoyenneté républicaine. Les signes religieux disparaissent des salles de classe au profit des attributs républicains.
Et puis vient le mobilier…
L’arrivée du mobilier de classe : une préoccupation ancienne
Sous la Restauration, la loi Guizot de 1833 impose à toutes les communes de plus de 500 habitants d’entretenir une école. Celle-ci n’est pas encore obligatoire et est encore principalement aux mains de l’Église. Le développement de l’instruction primaire s’accompagne d’une prise en charge du mobilier et autres objets scolaires.
Bancs et pupitres doivent être installés dans les salles de classe ainsi que des ardoises, des plumes, de l’encre, du papier ainsi que des panneaux mobiles accrochés aux murs pour l’enseignement des mathématiques. Mais ce n’est pas tout ! Il est également obligatoire pour les écoles de se munir d’affiches sur lesquelles sont inscrits les chiffres et les lettres de l’alphabet mais aussi des cartes géographiques.
Quant au tableau noir, il se généralise dans les années 1830. Un peu plus tard, les tables s’inclinent, l’assise se fait d’un seul côté pour tous les élèves puissent faire face au tableau et les bancs y sont attachés.
Quand le mobilier d’école se démocratise.
Avec l’avènement de l’instruction publique obligatoire sous la IIIème République, la règlementation en matière de mobilier scolaire devient plus précise. L’article 46 de l’Instruction spéciale daté du 18 janvier 1887 dresse la liste du matériel nécessaire à chaque salle de classe. Les tables-bancs doivent avoir des dimensions définies par la taille des élèves.
En outre, le mobilier doit comprendre : un bureau avec estrade, un tableau noir équipé d’éponges et de craies, des cartes géographiques, des tableaux muraux sur lesquels sont affichés une méthode de lecture ainsi qu’un système métrique, un poêle, et un seau pour le charbon. Sans oublier bien sûr une armoire bibliothèque, des porte-manteaux et des rayons de rangement.
Les exigences du mobilier scolaire contemporain
Depuis les différentes lois de décentralisation, les établissements scolaires, en fonction de leur niveau, relèvent de la compétence des communes, des départements ou des régions. Si l’ameublement de ces établissements se fait désormais sur appel d’offres, il doit répondre à des normes et des exigences établies au niveau de l’État et spécifiées dans un guide très détaillé. Il y est question d’exigence de sécurité, d’hygiène, d’estime, de durée de vie…
Sont d’abord pris en compte les déplacements multiples et le mobilier d’écolier doit résister aux entrées et sorties de cours, aux différents ménages et même aux balancements. D’ailleurs, le mobilier enseignant doit aussi être adapté car oui, les profs aussi, se balancent sur leurs chaises !
En ce qui concerne les tables et chaises, elles doivent faciliter la « prise d’information » et offrir des contacts et des appuis confortables. L’écriture doit être possible sur une surface qui ne glisse pas et convenir au papier, aux livres mais aussi aux ordinateurs. Assis sur la chaise, l’élève doit pouvoir, sans effort physique, écrire, lire un livre, le tableau mais aussi les panneaux muraux.
Il s’agit aussi de s’adapter à la taille des élèves, ainsi il faut pouvoir adapter le matériel rapidement et sans bruit. L’assise ne doit être ni trop dure, ni trop souple et l’avant de l’assise doit être incliné pour permettre de s’assoir de plusieurs façons et de multiplier les appuis pour diminuer les maux de dos.
Pour finir, le mobilier doit être solide, stable, il doit résister au feu et ne pas comporter d’angles coupants.
Le mobilier scolaire est véritablement un témoin silencieux de la succession des époques. Il répond à l’évolution de l’enseignement, aux connaissances anatomiques mais aussi à l’arrivée des nouvelles technologies dans nos vies. En tant que témoins de nombreuses pièces, près de 3500 sont conservées au Musée national de l’Éducation à Rouen. Preuve encore une fois que tout est histoire !