Il existe des gestes du quotidien qui paraissent totalement anodins… Il est si simple aujourd’hui d’appuyer sur un interrupteur et de faire jaillir la lumière. On le fait sans y penser, passant d’une pièce à l’autre, variant les éclairages et même les couleurs. Les rues sont allumées automatiquement lorsque la nuit vient à tomber et les vitrines de nos magasins ressemblent parfois à des sapins de noël tant elles sont éclairées…
Les pouvoir publics cherchent aujourd’hui à diminuer la consommation d’électricité en réduisant l’éclairage des rues. Mais avant d’appuyer sur le bouton off de l’interrupteur, il a bien fallu allumer dans un premier temps. Connaissez-vous le métier oublié de « falotier » ? L’allumeur de réverbère parcourait les rues pour allumer les lampadaires le soir venu et recommençait le lendemain matin pour les éteindre. Avec la révolution industrielle, cette profession laborieuse a, comme celui des réveilleurs ou des laitiers, peu à peu disparu.
Pour nos rues, comme pour nos intérieurs, la lumière a toujours été essentielle. Car cette dernière, si elle est la voie de la connaissance, est aussi source de chaleur nécessaire aux hommes pour les activités souterraines et nocturnes.
En voilà un petit aperçu historique…
Sommaire
De la torche préhistorique à la fabuleuse lampe à huile
En 100 000 av J.-C, les hommes maitrisent déjà le feu et élaborent les premières torches en bois dont l’extrémité est trempée dans de la résine. Puis en 20 000 av J.-C, on voit apparaître les premières lampes à huile qui sont encore de simples pierres évidées servant de réceptacles à combustible. Ces petites lampes sont disposées au sol en autant de points lumineux. Peu à peu, pour une meilleure diffusion lumineuse, les éclairages seront surélevés.
Bougies ou chandelles
La bougie, mèche tressée enveloppée de cire d’abeille fait son apparition au XIVème siècle. Chère, elle est utilisée par l’aristocratie ou dans de grandes occasions. En effet, malgré son prix élevé, les bougies doivent être renouvelées quotidiennement. Alors que les hautes sphères se soucient non seulement de l’essentiel mais aussi du beau, le peuple se contente autant que possible de la lumière du jour pour, la nuit venue, se résoudre enfin à allumer les chandelles.
Celles-ci sont des mèches tressées trempées dans de la graisse animale – souvent de porc- autrement appelée « suif ». Elles sont malodorantes, produisent une épaisse fumée noire et doivent être régulièrement raccourcies. Tandis que les chandelles noircissent les murs des habitations les plus pauvres, les bougies prennent de la hauteur.
D’où vient l’expression « faire des économies de bouts de chandelles »
Les domestiques des maisons aristocratiques récupéraient les morceaux de bougies non consumées délaissées par les propriétaires puis les revendaient à des fabricants de bougies qui les fondaient pour en façonner d’autres. Les profits réalisés étaient dérisoires et provoquaient la moquerie des plus riches. « Faire des économies de bouts de chandelles » signifie aujourd’hui faire de toutes petites économies.
Girandole et bras de lumière
Si le bougeoir à main est posé sur une table de nuit et peut servir à se déplacer dans l’obscurité, les bougies peuvent aussi être placées en hauteur sur des candélabres, des chandeliers à plusieurs branches qui viennent habiller les dessus de cheminées par exemple mais aussi sur des bras de lumières, des appliques en bronze fixées au mur qui fleurissent au XVIIIème siècle. A la même époque apparaissent les girandoles, une sorte de bougeoir avec un pied très haut sur lequel on peut placer plusieurs bougies. Ces objets sont, au fil du temps, de plus en plus travaillés et deviennent des objets d’ornementation autant qu’utilitaires.
Le lustre enfin !
Si le terme n’apparait qu’au XVIIIème siècle, l’éclairage suspendu existe déjà depuis le XIVème siècle. Le lustre est d’abord en bois, souvent en forme de croix et les bougies sont disposées sur les branches dont le nombre peut varier. Pour allumer puis éteindre les bougies, il fallait dans un premier temps faire descendre le lustre à l’aide d’une chaîne ou d’une simple corde. Ces premiers lustres en bois nécessitent beaucoup d’entretien et de nettoyage de la cire fondue. Au siècle suivant, les lustres se font métal et les formes se diversifient : bronze, cuivre et fer forgé font le bonheur des maisons aristocratiques. Alors, quand sont utilisés le verre et le cristal, les lustres, désormais garnis de pièces pendantes, scintillent de mille feux. Ils se font imposants et deviennent signes de richesse et de pouvoir comme d’ailleurs de nombreuses pièces d’ameublement.
A chacun son lustre !
Le lustre « cage » né sous Louis XIV a la particularité d’être vide à l’intérieur lui conférant un poids réduit qui le rend plus facilement transportable mais aussi potentiellement plus imposant. Décoré de pampilles en cristal, il fait fureur à la cour du roi.
Le lustre Montgolfier tient son nom de Joseph Montgolfier qui a inventé… la montgolfière sous le règne de Louis XVI et qui a inspiré de nombreux corps de métiers. Ce type de lustre, caractérisé par sa forme inversée, est largement décoré et orne les palais royaux.
A chaque période son type de lustre : lustres Art Nouveau aux motifs végétaux et aux couleurs chatoyantes, lustres contemporains épurés ou futuristes aux néons courbés…
Focus sur le lustre Gabriel du Château de Versailles
Si au plafond peint de la Galerie des Glaces de Versailles sont suspendus 20 lustres dont la lumière se reflète dans les miroirs des maîtres verriers de l’Ile de Murano, il existe depuis novembre 2013, un lustre particulier qui trône dans le célèbre escalier Gabriel. Imaginé par les designers Renan et Erwan Bouroullec, il est constitué de 800 gobelets de cristal reliés les uns aux autres. Complètement asymétrique, il ressemble à un chemin lumineux créé par la lumière elle-même.
Quelle que soit l’époque, la lumière prime !